Le combat d'une poignée d'irréductibles pour la reconnaissance de l'âne corse

Publié le par ma vie de chien

L'âne de Corse, autrefois animal emblématique de l'île, compagnon de travail des paysans et bergers et ami des enfants, va être reconnu et valorisé grâce à l'entêtement d'une poignée d'irréductibles.

La Corse ne compte plus guère aujourd'hui qu'un à deux milliers de ces équidés, généralement gris, rustiques, intelligents et affectueux, essentiellement pour la promenade, le transport des bagages de randonneurs ou comme animal de compagnie.

Ils étaient plus de 20.000 dans les montagnes, villages et campagnes de l'île jusqu'au développement du transport automobile dans les années 1930.

Jusqu'à la fin des années 60, vendus à vil prix, ils partirent par troupeaux entiers pour l'Italie et la Provence où leur viande était transformée en saucisson. Ses défenseurs aiment à rappeler qu'un tel produit n'a jamais été consommé en Corse, en dépit d'une supercherie touristique en vogue il y a quelques années encore.

Dans une société essentiellement rurale, chaque famille possédait au moins un âne pour transporter denrées, bois, pierres et autres matériaux de construction. Bête de somme endurante et sûre, il pouvait aussi porter des personnes sur les chemins escarpés de montagne et, attelé, aider au labour.

"L'âne, qui était en voie de disparition, est utile et il faut le faire travailler", souligne Sylvestre Paccioni, président de l'association "A Runcata" (le braiment) qui a entrepris de le faire reconnaître et valoriser.

En dépit de la désertification de l'intérieur, il peut en effet participer au développement du tourisme vert. Quelques passionnés veulent aussi rendre ses lettres de noblesse à cet animal peu connu et victime de préjugés en le réintroduisant dans les activités écologiques et environnementales.

"Nous allons recenser les animaux et définir les standards de la race, comme cela a été fait pour le cheval corse", a expliqué le secrétaire d'A Runcata, Jacques Grisoni, à la Fête de l'âne et du patrimoine de Vivario (Haute-Corse), le 20 juin.4707889017_4d58a002f3.jpg

Lors d'un colloque dans ce village de montagne du coeur de l'île, les responsables du Conseil du cheval ont indiqué avoir reçu le soutien du ministère de l'Agriculture pour travailler sur la filière asine.

Cette aide permettra de placer une puce électronique, sorte de carte d'identité, sur chaque animal. "Face à l'importation d'ânes du continent et de Sardaigne qui met en danger les éleveurs corses, il faut rapidement recenser le cheptel, notamment pour écarter les risques sanitaires", a indiqué Dominique Sbraggia, du Conseil du cheval.

Pour M. Grisoni, le développement du cheptel offre notamment des possibilités de développement dans le domaine environnemental.

"L'âne est le meilleur des débroussailleurs. Il peut aller là où les 4x4 et autres machines, souvent dangereuses en été avec les risques d'incendie, ne vont pas, notamment en forêt. Plus polyvalent, il fait aussi moins de dégâts que les autres animaux", souligne-t-il.

"Plus intelligent que le cheval car il mémorise les parcours et a l'instinct de l'obstacle", selon Mathieu Bonavita, éleveur à Frassicia (Haute-Corse), il peut être utilisé à l'école pour des sorties pédagogiques de connaissance de la nature.

Accompagnatrice de tourisme équestre et guide naturaliste à Serra-di-Scopamene, dans le massif de l'Alta Rocca, Paule Schlemaire se félicite ainsi d'employer depuis cette année une trentaine de ces "supers alliés pour travailler avec les enfants", dans le cadre d'un partenariat avec les écoles de cette région de Corse-du-Sud.

Publié dans COUP DE PATTE

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M
<br /> <br /> Passe une très belle journée pleine de soleil.<br /> <br /> <br /> Grosses bises.<br /> <br /> <br /> <br />
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Z
<br /> <br /> Merci pour ce très bel article. Les ânes corses ont le droit de vivre...!!!! Bises et bonne journée.<br /> <br /> <br /> <br />
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